La chambre 24
Corps et âmes
La Chambre 24 c'est une boîte photographique 18x24.
C'est le mystère d'une chambre noire. C'est l'histoire d'une pièce hors du temps, d'une antichambre où la psyché prend corps.
Simon Jourdan décrit « La Chambre 24 » telle une zone de dialogue, un lieu d'échange entre la modèle et le photographe. « Dans mon travail, il y a une inconnue. C'est la modèle qui me mène dans une réflexion ».
Animus et Anima pense-t-on.
Ici, l'étrange se saisit de l'instant. La photo est un médium qui raconte une autre entité. Doppelgänger ? Alter Ego ?
Révélation spectrale ? Ou peut-être cette part qui nous échappe. Simon Jourdan questionne le symbolique et le signifiant. Le tangible et l'intangible. Il nous parle d'une vision de l'apparition, une double exposition fantomatique à l'image du portrait de Rosa Meissner par Edward Munch (1907) ou des photographies spirites du 19eme siècle qui frôlent le surréalisme.
A travers ces portraits de femmes singulières, plurielles, intemporelles, le corps joue les intermédiaires, trace une frontière entre indiscernable et perceptible. Ne dit-on pas que la peau est un langage ?
Le nu est montré telle une enveloppe charnelle, dénué de toute volonté d'érotisation. Hors des dogmes, loin des stéréotypes, il (se) raconte en gestuelles libres, jamais imposées. Réfléchies et cadrées. « Il n'y a rien d'écrit à l'avance, mais pas d'improvisation non plus ».
En entrant dans La Chambre 24, les modèles cherchent bien plus que leur propre image, projettent bien plus que leur apparence. Au-delà de la représentation physique, elles se mettent au défi de révéler leur liberté et leur puissance. Dont acte.
Cécile Guerrier